JE FERAI DES MERVEILLES 

     

    LE PUITS

     

    Une famine survint dans le centre des Indes. Pendant trois longues années, il n'y avait eu, pour ainsi dire, aucune pluie. La terre naturellement desséchée fut littéralement cuite par la fournaise solaire, et de grandes crevasses apparurent bientôt en surface ; ces crevasses étaient si profondes qu'on ne pouvait entendre une pierre jetée en toucher le fond. Il n’y avait ni eau, ni nourriture quelconque et les petits enfants mouraient partout dans les rues.  Une tranchée fut creusée près de la station missionnaire, elle avait environ cent pieds de long et dix de large et au fur et à mesure que s'écoulaient les jours, elle s'emplissait des petits corps squelettiques des enfants victimes de la Famine.

    Les deux dames missionnaires de cette station se considéraient elles-mêmes comme étant responsables de la vie de cinq cents créatures humaines.

    Le blé put être apporté d'autres contrées lointaines, ainsi il y eut enfin de la nourriture mais l'eau ne vint pas.

    Tous les puits tarirent les uns après les autres, ceux des riches aussi bien que ceux des pauvres. Ce fut un moment d’amer désespoir. Les petits enfants gémissaient ; « de l'eau ! de l'eau ! ». Même les adultes se bousculaient l’un l’autre, dans l'agonie de la soif, pour les dernières gouttes d'eau qu’ils pouvaient trouver.

    Les deux dames missionnaires allaient de long en large sur la station, priant et soupirant dans l'Esprit vers le Seigneur. Leurs supplications, s'élevant de la terre brûlée, arrivèrent à l'oreille de Celui qui, depuis le commencement du monde, entend toute prière de chacun de ses enfants.

    Finalement, la promesse fut faite à l’une d’elles ; et quelle promesse ! Une promesse qui semblait irréalisable ! « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne » (Josué 1.3).

    Parole certaine et en même temps désespérante. « Oui, Seigneur, répétait-elle sans cesse ; je crois qu'un puits nous sera donné par Toi, sur le terrain que nous occupons ».

    Rassemblant alors, le peu d'hommes qui avaient encore la force de travailler, elle leur expliqua comment elle avait prié et comment il fut répondu à sa prière. « Ainsi, vous pouvez commencer à creuser ici », commanda-t-elle, mais ils se moquèrent d’elle.

    « Tante, lui dirent-ils, nous avons entendu dire que très loin d’ici, en Amérique il y a beaucoup d’eau, c’est une terre riche en eau, mais ici, il n’en est pas ainsi. Nous connaissons les Indes et il ne peut pas y avoir d’eau à cet endroit. Jamais il n’y aura d’eau ! ».

    « Creusez » fut la réponse. Et ils commencèrent à creuser.

     

    A soixante centimètres sous terre, ils se heurtèrent à un inébranlable rocher. Or, à quelques kilomètres plus loin, demeurait un missionnaire et on lui envoya aussitôt des messagers lui expliquant la difficulté. Il vint alors, avec de la dynamite. Un éclat de rocher sauta et la roche fut conquise. Les ouvriers se moquèrent encore dans leur incrédulité, mais la foi des deux missionnaires ne fut jamais ébranlée.

    « Creusez » fut le commandement ! Et ils creusèrent.

    Un certain jour, ils arrivèrent à une profondeur de quatre mètres cinquante et toujours point d’eau. Puis six mètres et encore point d'eau, pas même de l'humidité. Neuf mètres et soudainement (souvent Dieu fait les choses soudainement) jaillirent trois courants d’une eau parfaitement claire du fond ténébreux de ce puits.

    Abandonnant leurs outils, les ouvriers grimpèrent rapidement au dehors pour sauver leurs vies, devant le flot envahissant.

    En très peu de temps, le puits fut rempli et les cinq mille habitants de l'endroit eurent assez et même trop d'eau.

    Leurs yeux étaient dilatés d'émerveillement, leurs cœurs se fondirent en reconnaissance et ils burent, et ils burent et ils burent encore…« C'est l'eau du Dieu vivant dirent-ils » et l’eau ne manqua jamais.

    L’une des missionnaires qui se trouvait au bord du puits au moment du premier jaillissement eut l'impression qu'une invisible main avait canalisé l'eau depuis les entrailles de la terre, car les trois courants jaillirent verticalement du centre du rocher.

    A quelque distance de la Station Missionnaire il y avait une industrie cotonnière anglaise qui s'installait. Cette industrie avait besoin d'eau, elle-aussi, et les meilleures machines à creuser avaient été envoyées d’Angleterre, dans ce but. On avait déjà percé jusqu’à une profondeur de quatre vingt dix mètres au travers du roc, mais pas la moindre goutte de ce précieux liquide n'avait récompensé de pareils efforts.

    Alors, ces industriels demandèrent aux missionnaires la permission de placer dans leur puits un appareil électrique spécial afin de découvrir dans quelle direction l'eau coulait.  La permission fut donnée et l'appareil fut placé, mais le cadran indicateur ne s'était certainement jamais aussi follement comporté auparavant ; il s'agitait toujours et n'enregistrait absolument rien !

    Les industriels furent très surpris. « Comment se fait-il, s’exclama l’un d ‘entre eux, il ne doit y avoir aucune source d'eau ici ! » Puis se tournant vers les missionnaires, il leur dit : « Votre eau vient tout droit des entrailles de la terre, c'est un phénomène qui dépasse notre compréhension ! » Un hindou qui se trouvait là s'aventura à lui dire : « Ah ! Sahib, ne savez-vous donc pas ? C'est le puits du Dieu Vivant ! » Ainsi ce nom lui est resté jusqu’à ce jour. Tous les habitants des pays environnants parlent encore avec un grand respect de l'eau du Dieu Vivant.

     

    LE BOIS

    De nouveau il y eut un temps de famine.  Il y avait de l'eau en abondance et du blé pouvant être moulu en farine, mais on manquait totalement de bois pour faire le feu destiné à cuire les aliments. On ne pouvait se nourrir de farine crue.  De plus, il n'y avait pas d'argent, pas le moindre sou, dans la petite boite en fer blanc portant l'étiquette : « Frais Généraux ». Ce fut un temps de prière, demandant et saisissant par la foi.  Une promesse fut donnée par un  verset familier de Philippiens 4.19, il n’est jamais périmé et toujours d'actualité pour le chrétien.  Le messager qui le délivra mit une emphase spéciale sur le mot « pourvoira ! » Ainsi les deux dames missionnaires continuèrent ensemble à prier.

    Un jour ou deux plus tard, un homme s’avança à grands pas et se présenta à la porte de la station missionnaire. « J'ai du bois à vendre, dit-il, quarante chars.  Ma maison est loin, au milieu des collines, ainsi je dois retourner aujourd’hui. Des hommes de votre tribu désirent-ils le prendre ? »

    Qu'allaient faire les missionnaires ?  Ces quarante chars suffiraient à tous leurs besoins.  Ils sauveraient des vies sur la station missionnaire peut-être leurs propres vies. Mais il n'y avait aucun argent pour payer, les missionnaires n'avaient que la promesse : « Mon Dieu pourvoira » « Oui, répondirent-elles à l'homme, nous prendrons le bois.  Apportez-le dans les chars et déchargez le derrière la maison ».

    Un char arriva, puis deux, puis trois.  Les missionnaires veillaient de leur porte a l'arrivée du bois, elles regardaient, aussi, à la petite boite de fer blanc ; elle était encore vide, mais : « Dieu devait pourvoir » Elles ne s'attendaient pas au courrier venant de l'étranger qui apportait de rares et précieux dons en argent, car il n'était arrivé aucun bateau depuis plusieurs jours. Cependant, la promesse était toujours là.

    Elles retournèrent à la porte : dix-sept, dix-huit, dix-neuf chars.  L'homme avait établi clairement son prix pour le bois ; c'était un prix équitable, mais il aurait été dix fois moins élevé que la difficulté de paiement demeurait la même.  Ou, Dieu ferait tomber des pièces de monnaie du Ciel ? Ou,  peut-être, trouveraient-elles l'argent dans la terre ? Vingt-sept ; vingt-huit chars.  Dieu devait pourvoir.

    Il n’y  avait pas un seul Indou riche parmi les chrétiens.  Y avait-il un ami des missionnaires qui aurait quelque chose de trop ? Non ! Quelques amis étaient très loin et même s'ils avaient été présents, ils n'auraient rien pu donner dans ce temps de famine. Vingt-neuf chars….et la petite boite de fer blanc était toujours vide !

    Le  quarantième char arriva au milieu des pleurs et les bœufs le tirèrent lentement jusque derrière la maison.  Au moment ou le char passait devant la véranda, arrivait aussi un petit facteur indigène, il apportait une lettre.  Assez étrange, et cependant pas du tout extraordinaire, c'était une lettre recommandée. Le cœur battant d'émotion, la missionnaire prit la lettre et rapidement l'ouvrit. Un chèque fut déplié et Dieu avait pourvu ! La somme envoyée était exactement celle qui était réclamée par l'homme pour la livraison du bois.  En un clin d'œil, le chèque fut signé et le bois payé !

    Maintenant retournons un peu en arrière : quelques semaines auparavant, la nouvelle de cette grande famine était arrivée aux quatre coins du monde et les cœurs avaient été émus, poussés à prier, même jusque dans le centre de l'Afrique. Au fur et à mesure qu'ils priaient, ils commencèrent à sentir un urgent besoin de faire des dons. Mais donner, signifiait pour eux un réel sacrifice ; ils donnèrent de leur nécessaire et apportèrent du riz, du calicot (tissu de coton), des vêtements etc…

    Peu importait, ils voulaient faire leur possible et avec joie!

    Leur missionnaire vendit tout ce qu’ils lui apportèrent dans ce but et ainsi une somme fut constituée.  Puis la lettre partit, lentement, au travers de la jungle, au fond de l'immense Congo, puis sur mer elle contourna le Cap des Tempêtes, l'Océan Indien jusqu’à la Banque de Bombay où elle fut dirigée vers le centre des Indes.

    Elle arriva, juste le jour et à l'heure où elle était nécessaire.

     

    Mon Dieu Pourvoira à tous vos besoins !